En 1998, sur une commande du Frac de Corse, Raymond Depardon parcourt l'île en solitaire, du Nord au Sud, puis du littoral vers l'intérieur. "J'attendais que la Corse m'impose ses images, dit-il. Je vois des photographies simples, grand format noir et blanc, avec beaucoup de détails, sans romantisme ni pittoresque, un constat ouvert sur la Corse rurale et celle du littoral." (1) Et personne dans le champ: «C'était un choix, dit-il. Je prenais à la Corse ce qu'elle me donnait au premier regard. J'allais vite parce que j'avais peur de ne pas résister au charme.» Un charme opérant du paysage qui nécessite une stratégie d'abordage. Son oeil: une chambre américaine très légère. Une 20-25 compacte. Sous son regard: une île prise entre l'immobilisme minéral et l'échappée liquide qui la cerne. «La Corse, je ne l'ai pas vue triste, dit encore Raymond Depardon, mais mélancolique.»

(1) En 2000, les éditions du Seuil ont édité un livre où les photographies de Depardon côtoient un texte de Jean-Noël Pancrazi: "Corse".