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Agenda
Exposition à la Citadelle, au sein de la Poudrière
Infos pratiques
du Jeudi 8 Juin 2023 au Samedi 23 Septembre 2023
Citadelle Miollis boulevard Danielle Casanova
20000 Ajaccio
Description
Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Éternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.

Arthur Rimbaud, mai 1872

Commencer par un ver du poète pour mieux annoncer qu’il n’y a rien de nouveau sous ce soleil… Car la Méditerranée convoque en premier lieu un sentiment de permanence, une forme d’équanimité qui répond au ressac inlassable et tranquille d’une nature imperturbable. Ce sont des images douces qui viennent à l’esprit, celle d’un ciel azuréen que le décompte des jours ne saurait faire trembler, celle des plaisirs lumineux qui se répètent à l’infini, celle d’une existence qui ne connaitrait pas l’entropie. Mais pareille sérénité est avant tout une représentation culturelle qui s’est affirmée avec la société des loisirs dans les années 1960 et le désir de profiter pleinement des vacances. La Méditerranée est devenue ainsi synonyme d’hédonisme et de nonchalance, de repos et de congés payés.
Il n’est pas surprenant alors que l’ironie transparaisse dans un grand nombre d’œuvres exposées ici. Car les artistes nous invitent souvent à un certain détachement à l’égard des croyances qui structurent nos sociétés, trop conscients qu’elles reposent avant tout sur des constructions historiques qui se naturalisent le long du temps. Dans cette perspective, La Merveilleuse peut paraitre quelque peu trompeuse. Certes, la douceur de vivre est bel et bien présente, mais il s’agit de ne pas être totalement dupe face à ce bonheur balnéaire.
Au regard des enjeux climatiques et politiques que la Méditerranée porte en elle aujourd’hui, il semble que cette région n’est pas simplement synonyme de luxe, de calme et de volupté. La Méditerranée a toujours été heurtée par les fracas de l’histoire. Aussi, tels des échos de la mémoire, on trouvera à l’étage deux œuvres qui ouvrent sur un univers de mystères issus de civilisations perdues. Ces mondes engloutis peuvent se lire comme les indices de notre propre fragilité. Ils nous font sentir en tout cas que le monde que nous connaissons est loin d’être immuable. De la sorte, notre seule certitude réside dans l’abandon de l’idée même de progrès. Pour le reste, nous nous en remettons aux puissances de l’imaginaire et du mythe, première manière de faire communauté.
Étienne Bossut – Nuages (2001) Moulages en polyester

La pratique d’Etienne Bossut s’appuie sur le moulage en polyester d’objets qui appartiennent à notre quotidien. Ils deviennent ainsi des représentations en trois dimensions qui interrogent notre rapport à la réalité et jouent d’une ambiguïté entre objet matériel et signe visuel. À équidistance entre le ready-made de Marcel Duchamp et le trompe-l’œil classique, ses œuvres participent à la réflexion postmoderne sur le simulacre et le principe que notre monde physique est devenu indissociable des signes qui le désignent.
Rappelant l’art minimal américain à travers la répétition des mêmes éléments, les sculptures d’Etienne Bossut laissent poindre une certaine ironie, comme pour ces matelas gonflables qui évoquent la nonchalance des loisirs balnéaires. Placés au plafond dans un renversement malicieux, ces objets habituellement en plastique sont ici rigides bien qu’ils signifient encore la légèreté : rencontre improbable entre le ciel et la mer, les nuages matelas montrent que toute poétique commence par un art du déplacement - si simple soit-il.

Philippe Cazal – Merveilleuse (1986 – 2003) Tubes Néons

Enseigne lumineuse à la fois directe et énigmatique, efficace et trompeuse, l’œuvre de Philippe Cazal emprunte ses codes au monde publicitaire pour mieux les détourner. L’usage de la police de caractère Futura, exemplaire de la modernité prônée par le Bauhaus dans les années 1920, devient ici quelque peu obsolète et montre l’appropriation standardisée d’une histoire qui peut être considérée avant tout comme un répertoire de formes. Ainsi, les lettres géométriques ne sont plus une expression originale, mais se donnent comme la citation d’un vocabulaire issu du passé.
L’adjectif au féminin ne désigne alors aucun être ou objet. Il devient le qualificatif vide de ce qui appartient à un univers surnaturel et magique. Du latin mirabilia qui renvoie aux choses étonnantes et admirables, le mot en néon de Philippe Cazal tourne sur lui-même et ouvre ainsi à toutes les hypothèses et interprétations. La clarté de l’œuvre n’en fait pas moins une sorte de piège sémantique pour le spectateur.


Serge Comte – Waterproof (2004) Briques Lego

Les œuvres de Serge Comte font le plus souvent appel à des matériaux sans qualité issus de nos sociétés postindustrielles, comme des notes post-it, des perles en plastique, ou ici des briques de Lego. Sur le mode du DIY (Do It Yourself), elles présentent une évidente simplicité qui renvoient aussi bien à l’enfance qu’aux pratiques amatrices.
Ces deux portraits montrent un homme et une femme en tenue de bain. En l’absence de contexte, leur identité reste en suspens. Les deux personnages pourraient aussi bien intégrer une fiction que renvoyer à des figures existantes. Le titre rappelle ici l’une des caractéristiques du composant de ces sculptures est la résistance à l’eau. Mais dans le cas présent, cette qualité pourrait aussi désigner le couple, suggérant alors une signification plus imagée et sarcastique.




Mélissa Epaminondi – Plage (2012) Vidéo

Tourné en 2012 pendant le festival de Calvi on the Rocks, dédié aux musiques électroniques, Plage prend la forme d’un long travelling qui enregistre de manière neutre les activités balnéaires sur le sable en plein été. Dos à la mer, la caméra capture lectures, siestes, bronzages, ou encore conversations qui disent la torpeur estivale et la pause annuelle. La farniente sur cette bande de terre bondée devient triviale et montre de manière crue l’un des moments clés de nos sociétés de loisirs.
Sur un mode presque anthropologique, Mélissa Epaminondi scrute ici ce moment qui évoque aussi la manière dont le territoire insulaire se transforme durant la période touristique sous l’effet de visiteurs de passage. Dix ans après sa création, la vidéo commence à prendre une dimension historique, puisqu’à l’heure du réchauffement climatique, l’attraction du soleil et le désir des peaux bronzés sont sur le point de péricliter.


Sylvie Fanchon – Monochrome décoratif bleu et rouge (2009) Acrylique sur toile

Avec le ready-made, le monochrome est l’un des gestes les plus radicaux de la modernité. Poussant la logique de l’abstraction à son terme, il propose une surface de couleur uniforme qui abandonne tout principe de composition spatiale. Dans le cas présent, l’aplat bleu de Sylvie Fanchon laisse cependant voir une ligne de contour rouge irrégulière qui dessine à l’intérieur comme le cadre du tableau. Cette forme illusionniste crée ainsi une ambiguïté : elle représente un encadrement, ce qui inscrit un élément de figuration au cœur d’une abstraction. En outre, elle évoque un dispositif décoratif quand le monochrome moderniste s’oppose historiquement de la manière la plus évidente à toute dimension ornementale.
L’œuvre de Sylvie Fanchon constitue un witz visuel, une forme ironique qui se déploie autour d’une contradiction impossible à résoudre. Le bleu piscine, employé par la peintre, vient à lui seul traduire cette ambivalence et se place dans la tradition des arts incohérents des années 1880. Alphonse Allais avait en effet proposé dès 1887 des fonds unis de couleur avec des titres railleurs, comme cette Récolte de la tomate par des cardinaux apoplectiques au bord de la Mer Rouge ou cette Stupeur de jeunes recrues en apercevant pour la première fois ton azur, ô Méditerranée. En voici une version renouvelée toute aussi moqueuse.


Alain Séchas – Nu au Parasol (2017) Acrylique sur toile

Connu pour ses personnages à tête de chat, Alain Séchas dessine des situations à la fois tragiques et comiques, banales et ludiques, qui constituent la trame de notre quotidien. À mi-chemin entre bandes dessinées et grand art, caricatures et nobles peintures, les scènes de plage montrent son regard acéré et distancié sur nos modes de vie. La dextérité de son trait lui permet de décrire maints détails synthétiques qui viennent saisir le spectateur par leur évidence et leur dérision.
Le format étiré en hauteur de la toile contredit ici l’horizontalité de la plage et insiste sur le caractère dégingandé de la femme chat. La silhouette stylisée porte en elle une forme d’inconfort discret qui désigne à elle seule une douce caricature des classes moyennes. Le travail jubilatoire d’Alain Séchas se veut aussi un vrai exercice pictural à travers un traitement gestuel rapide qui abolit la stricte différence entre les plans, s’amuse de certaines transparences avec la protagoniste et sa serviette, et laisse l’acrylique s’autonomiser comme le montrent les rehauts de blanc désignant la lumière éclatante de l’été.


Caroline Belardy – Sans Titre (2000) Techniques mixtes

Décédée en 2001, à l’âge de quarante ans, Carole Belardy laisse une œuvre pleine de charme et d’humour, où le registre de l’absurde affirme un vent de liberté. Relevant aussi bien de la peinture que de la sculpture, les casques de motos sont munis de manches à air colorés conçus habituellement pour donner l’orientation des mouvements de la brise. À l’arrière de chaque casque, un paysage azuréen offre une vision schématique de la mer. Toute carnavalesque, cette installation combine signes de la vitesse et inertie tout en maquillant un objet encore trop souvent assimilé à la virilité.
La parade à l’arrêt de Caroline Belardy est comme un clin d’œil aux possibilités de l’imaginaire. Sur un mode qui pourrait rappeler la rencontre fortuite chère aux surréalistes, l’amusant rapprochement entre les casques de motos et les manches à air laisse affleurer une contradiction qui prend de vitesse l’esprit et semble vouloir lui proposer de ne pas s’en tenir à ce paradoxe. Reste à savoir ce que le visiteur fera de cet art du contrepied quand l’absence de titre affirme une autonomie radicale et le désir de ne rien expliquer.


Marthe Wéry – Bleu l’île (2004) Peinture acrylique sur aluminium

Inlassable défense de l’art abstrait, Marthe Wéry affirme un vocabulaire empreint de minimalisme où le monochrome et la répétition participent d’une « décomposition progressive de la forme ». Les différents panneaux insistent sur la dissolution de l’unicité du tableau, à jamais inachevé. Les bleus distincts qui couvrent chaque rectangle en aluminium affirment alors le caractère matériel de la couleur. L’artiste remarque d’ailleurs que son « travail est une manière élémentaire de vivre la surface ».
La pratique de Marthe Wéry se veut le plus souvent intense, de l’ordre de la mise en tension, loin du calme que pourrait suggérer une observation distraite de ses monochromes. Elle parvient à concilier une approche à la fois impersonnelle et intime, distante et vibrante. Là où l’opposition entre l’autonomie moderniste et l’art minimal semblait irréconciliable dans les années 1960, la peintre prend la tangente en conférant à la lumière un rôle fondamental qui vient lier les éléments. Bleu l’île participe donc de la création d’une ambiance où les panneaux s’intègrent à l’espace et l’architecture pour mieux se permettre l’évocation allusive d’un contexte insulaire et maritime à travers son titre.


Claudio Parmiggiani – Senza Titulo (1977) sculptures en plâtre et maquette en bois

Dans le sillage de l’Arte Povera, l’œuvre de Claudio Parmiggiani fait appel à des matériaux simples, souvent ready-mades, afin de produire des images mentales. La mémoire, le voyage et le temps sont au cœur de sa pratique qui présente une veine presque romantique. Le réemploi de sculptures antiques est emblématique d’une poétique où le mystère tient lieu de mystique.
Dans le cas présent, une maquette de navire vogue sur un visage en plâtre qui renvoie au monde perdu gréco-romain. L’assemblage traduit une certaine nostalgie en assumant l’évocation d’une civilisation engloutie. Image onirique, l’installation est directement liée à une pièce plus tardive de la collection du FRAC Corsica, Naufrage avec Spectateur, réalisée par l’artiste pour l’église du couvent de Morsiglia en 2009. Il s’agit d’une grande embarcation de 14,8 mètres de long et de 3,8 mètres de large, construite en 1932 à Gênes, qui a été trouvée en Sardaigne, transportée en Corse, puis taillée en trois parties afin d’être introduite dans la nef de l'église, par la porte qui ne mesure qu'1,7 mètre de large. Le spectateur peut ainsi déambuler entre les morceaux de la carcasse qui se donne pour un vestige d’une époque révolue.


Emilija Škarnulytė – Sunken Cities (2011) Vidéo

Emilia Škarnulytė réinvestit la figure de la sirène à l’occasion de la découverte d'une cité engloutie en Méditerranée. Ville de villégiature de premier plan pendant des siècles, Baia était prisée par les riches et les puissants de l'élite romaine. Située au-dessus de cheminées volcaniques naturelles, la cité était célèbre pour ses sources d'eau chaude médicinales qui se trouvaient tout autour de la ville et sur lesquelles il était facile de construire des centres d’hydrothérapie. En 1500, les vestiges de la ville autrefois luxueuse étaient abandonnés et le niveau de l'eau a lentement augmenté en raison des mêmes cheminées volcaniques qui étaient autrefois un attrait pour la région.
Témoignage archéologique d’une civilisation disparue, Sunken Cities met en jeu la performance physique de l’artiste, adepte de la plongée en monopalme, pour mieux inviter le spectateur à méditer sur la fragilité des sociétés humaines et le projeter dans un temps incertain où passé et futur se rejoignent. La dimension surnaturelle de la sirène fait dériver le documentaire vers la fiction et apporte une part de mystère qui fait se côtoyer l’histoire et le mythe.


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