Exposition : Citadella / mathieu Pernot



Fondée en 1492 par la République de Gênes, la citadelle d’Ajaccio est entourée de mer sur trois côtés, facilitant ainsi sa capacité de défense et ses possibilités d’observation. De par son emplacement, elle constitue un point de vue unique permettant de voir au loin les dangers qui pouvaient venir de la mer.
Invité en résidence par le Centre Méditerranéen de la Photographie et la ville d’Ajaccio, Mathieu Pernot a réalisé un tra-vail photographique qui  interroge cette notion du point de vue liée à la situation géographique et à la fonction de la citadelle.
La fenêtre devient ainsi l’espace de l’entre-deux, celui qui permet de voir au loin et aussi de faire rentrer la lumière à l’intérieur. L’au-teur se fait observateur de la façon dont le soleil d’hiver vient ha-biller l’espace en dessinant une nouvelle scénographie lumineuse. Dans le même esprit, il construit des camera obscuras, permettant aux rayons lumineux de passer, et recueillent, en leurs parois oppo-sées, l’image inversée du point de vue de la fenêtre.
En regard de ces apparitions magiques, Mathieu Pernot pho-tographie les espaces intérieurs convoquant l’idée du trompe l’œil : des murs couverts de multiples couches de peintures des bâtiments anciens aux papiers peints paysagés des loge-ments récents, des fresques représentant une bataille ins-pirée de la mythologie grecque aux peintures signalétiques pour les espaces techniques. Mathieu Pernot nous pose la question de ce que l’on voit dans ce lieu construit pour  observer. Il nous raconte des histoires dont l’œil est le principal ac-teur. La citadelle devient ici cité de l’image et de la photographie, un nouvel espace d’écriture par la lumière.
C’est dans le cadre d’un partenariat renforcé dans le domaine de la création entre la Ville d’Ajaccio et le Centre méditerranéen de la photographie, conventionné avec la Collectivité de Corse, que l’artiste Mathieu Pernot a été invité dans un des bâtiments de la caserne Miollis d’Ajaccio en 2025, afin d’y réaliser une commande photographique inédite.
Mathieu Pernot est né en 1970 à Fréjus. Il vit et travaille à Paris.
Après des études scientifiques, il entre à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, d’où il sort diplômé en 1996.
Son œuvre s’inscrit dans la démarche de la photographie documentaire mais en détourne les protocoles afin d’explorer des formes alternatives et de construire des récits à plusieurs voix. L’artiste procède par séries qui sont autant de points de vue et de façons d’interroger l’histoire des individus ou des lieux qu’ils repré-sentent.
Son travail a fait l’objet d’une rétrospective au jeu de Paume en 2014 et d’une ex-position monographique aux Rencontres d’Arles en 2017 sur les photographies qu’il réalise avec une famille rom depuis 20 ans. Il est l’auteur d’une quinzaine de monographies. Il a été récompensé par le prix Nadar en 2013 puis le prix Nièpce en 2014. Il obtient le prix Henri Cartier-Bresson en 2019 pour réaliser un projet au Moyen-Orient sur les traces de sa famille et de l’Histoire récente de la région.
En 2022, le MUCEM a accueilli ses travaux réalisés depuis plus d’une dizaine d’années dans le cadre d’une exposition intitulée « L’atlas en mouvement ». Son travail a fait l’objet d’une rétrospective à la fondation Mapfre de Madrid en 2023.
COMMISSAIRE D’EXPOSITION
Le Centre Méditerranéen de la Photographie
Association régie par la loi de 1901, conventionnée avec la Collectivité de Corse
Marcel Fortini, Directeur Valérie Rouyer, responsable des expositions et chargée de mission en pédagogie