En effet, abritant l’une des plus importantes collections de mobilier des musées de Corse, il était écrit que le musée national de la Maison Bonaparte devrait se pencher un jour sur la constitution de l’ameublement de la maison natale de Napoléon, tout en étudiant cet ensemble à l’aune des aménagements des autres maisons patriciennes de l’île. La durée sur laquelle s’attarde cette conférence survole le XVIIe, siècle de fer des Génois, et le XIXe siècle après 1815-1820, car les styles Restauration et Second Empire n’offrent pas les courants multiples, sinon opposés, du XVIIIe siècle. Ce siècle d’or de la Corse est aussi celui de l’ascension des Bonaparte dans une partie de la Méditerranée où s’affrontent la République de Gênes, les Habsbourg de Vienne, les Bourbon de France, de Madrid et de Naples, et les Anglais. En Corse proviennent des meubles de Paris et de Provence (Marseille, Aix), des meubles génois, toscans, milanais et romains. Nos ébénistes peuvent soit imiter les modes nouvelles, soit s’inscrire dans un temps plus long, par exemple en reproduisant le modèle de la table « pisane », qui mériterait bien mieux le nom de table d’Orezza. Pour les élites corses du temps, cette question du mobilier apparaît comme fondamentale. Il suffit de rappeler que Pascal Paoli va consacrer la somme importante de 631 écus pour le mobilier de la salle du conseil et des salles de réception du Palazzu naziunale. Charles Bonaparte dans les années 1780 puis Laëtitia autour de 1797 vont acheter pour la Maison Bonaparte un mobilier de provenances diverses, témoin des vicissitudes du temps et du goût d’une famille ajaccienne déjà ouverte sur les arts décoratifs européens.

