TRANSMISSION
Jean-Pierre Versini-Campinchi, neveu de César Campinchi, a rappelé pour sa part les attaches à la terre insulaire de son célèbre aïeul. "Une famille issue de la Cirnaca, des gens établis dans le même endroit depuis des siècles. Cette constance est assez rare, même dans les villages", s'est-il amusé à relever. "Détail curieux, c'est que César Campinchi avant d’être un homme politique aura été un avocat célèbre car il était avocat criminaliste et qu’à l’époque les erreurs de plaidoirie conduisait à l’échafaud", a tenu à souligner l'ancien avocat avant de revenir sur le parcours de l'homme mais aussi sur sa descendance et la transmission perdue d'un patronyme. "César avait cinq soeurs et trois frères, trois frères morts de la tuberculose à 25 ans pour le premier, 22 ans pour le deuxième et à 18 ans pour le troisième dont un neveu à 12 ans mort du tétanos, une famille en partie décimée avant que messieurs Calmette et Guérin n'inventent le BCG qui a été obligatoire, je voulais vous rappeler à tous que la plus grande invention médicale, c'est le vaccin." Une mise en perspective pour honorer le nom d'un homme qui a mené bien des combats.

Blessé, il repart au front
Le premier succès politique de Campinchi est son élection aux cantonales de 1928 à Bocognano. Le second, sa victoire aux Législatives de mai 1932 à Bastia sur le député sortant, Henri Pierangeli. Il est réélu en 1936. Ses interventions les plus intéressantes à la Chambre, où il préside le groupe radical-socialiste, concernent les questions de politique étrangère et de défense nationale. Ministre de la Marine en 1937 dans le cabinet Chautemps, où il lutte pour obtenir l'augmentation des crédits destinés à la flotte de guerre, puis ministre de la Justice en janvier 1938, il revient en mars au ministère de la Marine militaire dans le cabinet Blum... C'est alors qu'il peut faire aménager les bases militaires d'Aspretto à Ajaccio, et de Mers el-Kebir. Resté au même poste dans le gouvernement Reynaud, il prend parti contre le projet d'armistice. Il compte donc parmi ceux qui s'embarquèrent à Bordeaux sur le Massilia le 16 juin 1940, avec l'espoir de réussir à former un gouvernement de lutte contre l'Axe en Algérie.
L'échec de l'entreprise lui vaut d'être assigné à des résidences surveillées successivement à Casablanca, puis Alger, et enfin Marseille. Il y meurt en 1941 à 59 ans et le transfert de son corps à Ajaccio, le 25 février, suscite beaucoup d'émotion populaire. A Bastia, un office est célébré à sa mémoire par l'abbé Zattara, un prêtre qui allait par la suite, contre sa hiérarchie, choisir le parti de la Résistance, et devenir après la Libération le président des détenus et déportés du Nord de la Corse.
Hélène Chaubin, La Résistance en Corse, 2e édition, AERI, 2007.