En vidéo : https://youtu.be/--aN6fw4tFs
Le maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, a tenu une conférence de presse ce matin à l’Hôtel de ville afin d’évoquer les événements qui se sont produits hier à Ajaccio et sur l’ensemble du territoire corse. C’est aussi en tant que président du groupe U Soffiu Novu à l’assemblée de Corse et président de la Capa que Laurent Marcangeli s’est exprimé.
« Dans un premier temps, vous me permettrez de remercier les agents de la propreté urbaine de la Ville d’Ajaccio et de la Capa. Je leur ai rendu visite à 6 heures ce matin. Hier, il y a eu de très jeunes blessés, des dégâts matériels. Il est de mon devoir, de ma responsabilité de vous dire un certain nombre de choses. Dans un premier temps, j’en appelle solennellement à l’État. Je ne sais pas si tout le monde aujourd’hui à conscience de la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons, de la situation qui est celle de la Corse. J’ai eu hier un entretien avec le préfet de Corse dans mon bureau. Je pense qu’il a compris un certain nombre de choses, encore faut-il, dans toute la hiérarchie de l’État, que la situation soit bien comprise.
Il faut comprendre que ce qui se passe ici, et qui ne fait pas l’objet d’une couverture nationale médiatique eu égard aux événements qui se passent en Ukraine, est grave. Ce qui se passe ici peut dégénérer. Je crains une escalade de violence qui ne fera que des perdants. J’en appelle donc aujourd’hui au plus haut niveau de l’État. Le président de la République, le Premier ministre, afin que cette situation d’escalade cesse. Ma position sur la problématique des détenus du « commando Erignac » est connue depuis longtemps. Je me suis exprimé en tant que parlementaire de 2012 à 2017, en tant qu’élu local et encore dernièrement le 22 octobre à l’assemblée de Corse. Pour moi et, je pense, pour la majorité des Corses, la levée du statut de « détenu particulièrement signalé » (DPS) d’Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri et d’Yvan Colonna est déterminante. Je reviens sur la décision qui a été prise hier, elle ne me semble pas appropriée, je l’ai fait savoir.
Il suffit d’une signature
Si on veut ramener de l’apaisement aujourd’hui en Corse, c’est la levée de ce statut et le rapprochement de ceux qui le peuvent à la maison d’arrêt de Borgo. J’ai conscience de la difficulté de la tâche, j’ai conscience des blocages qui peuvent exister dans des sphères que nous ne connaissons pas. Mais aujourd’hui, il en va de la paix publique sur le territoire de la Corse et en tant qu’élu je ne peux pas me satisfaire d’une décision prise hier concernant Yvan Colonna. Je veux d’ailleurs avoir ici une pensée pour sa famille, parce qu’il y a un homme entre la vie et la mort. Hier, on a eu conscience de la facilité avec laquelle le chef du gouvernement peut lever le statut de DPS. Il suffit d’une signature. Cette signature, je demande à ce qu’elle soit apposée en bas d’un document qui porte les noms de Pierre Alessandri et d’Alain Ferrandi. Ça c’est la première chose que je voulais vous dire. C’est un appel solennel et grave. Parce qu’en tant que Corse, en tant qu’élu et que père de famille, je ne veux plus revoir les scènes que j’ai vu hier.
J’en appelle à la responsabilité de l’ensemble de la classe politique corse. Je le dis sans acrimonie, on ne peut pas dire tout et son contraire quand on exerce des responsabilités politiques. On ne peut pas souffler le chaud et le froid, matin, midi et soir, car ce que nous pouvons dire, dans nos qualités respectives, peut avoir des conséquences. Et chacun doit assumer ses responsabilités par rapport à ce qui peut se passer encore dans les semaines à venir. Chacun est libre de dire ce qu’il veut, mais lorsque l’on est élu du peuple, que l’on bénéficie de la confiance populaire, de l’onction du suffrage, ça donne des droits, mais surtout des devoirs. Et moi, je m’adresse à celles et ceux qui parfois sont tentés de laisser « monter un peu la mayonnaise » que ce qui va se passer, c’est que la responsabilité ne sera pas seulement celle de l’État, mais celle des élus locaux qui n’auront pas pris conscience de la gravité de la situation dans laquelle nous sommes. Je leur demande donc une prise de responsabilité et une hauteur de vue qui parfois manquent par rapport au moment que nous vivons et qui est je le rappelle qu’une très grande gravité.
Enfin et surtout, c’est le plus important, j’en appelle à l’apaisement et au calme. Je veux m’adresser à la jeunesse. J’ai été moi-même collégien et lycéen, je sais que le sentiment injustice est ressenti tout autrement que quand on est adulte et parents. Mais je ne peux pas me résoudre à entendre que la violence est une solution. La violence ça ne marche pas, la violence ça détruit. La violence, elle blesse, elle peut tuer. La violence n’a pas sa place dans un monde démocratique. Je ne veux pas condamner quoi que ce soit. Ce que je veux dire à cette jeunesse, c’est que la violence ne sera jamais une solution. La violence n’est pas bonne pour eux, ni pour la Corse, ni pour l’avenir. Je comprends que nos jeunes concitoyens aient une conscience politique et cela est sain, je comprends qu’ils aient des convictions politiques. En revanche, aller mener des combats dans les rues comme cela a été le cas, est dangereux.
Il y a une solution
Il y a eu des blessés et des gènes occasionnés pour des gens qui n’ont rien à voir, des petits enfants, des personnes âgées. Des commerçants qui n’ont pas pu travailler. Heureusement il n’y a pas eu de drame. Je veux aussi, sans me dresser en donneur de leçon, en appeler à la responsabilité parentale, j’ai vu hier des collégiens de 13/14 ans aller se battre contre de hommes casqués et armés, dépositaires de l’autorité publique. Il faudra revoir un certain nombre de choses, je ne peux pas me résoudre à l’idée de voir des parents laisser aller leurs enfants se battre contre les forces de l’ordre, car les conséquences peuvent être grave.
Vous l’avez compris, il y a une solution, je l’ai déjà défendue, il doit y avoir un signal et celui-ci ne peut venir que de l’État. Vous connaissez mes convictions en tant qu’élu de ce territoire. Je suis inquiet comme je ne l’ai jamais été depuis que je suis aux responsabilités politiques. J’ai connu des crises, j’ai connu des moments difficiles, mais aujourd’hui particulièrement inquiet et ému en tant qu’élu, en tant que Corse. J’en appelle aux responsabilités notamment au plus niveau car la réponse qui a été apportée n’est pas appropriée, elle est même décalée eu égard à la gravité de la situation que nous vivons. »
Le maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, a tenu une conférence de presse ce matin à l’Hôtel de ville afin d’évoquer les événements qui se sont produits hier à Ajaccio et sur l’ensemble du territoire corse. C’est aussi en tant que président du groupe U Soffiu Novu à l’assemblée de Corse et président de la Capa que Laurent Marcangeli s’est exprimé.
« Dans un premier temps, vous me permettrez de remercier les agents de la propreté urbaine de la Ville d’Ajaccio et de la Capa. Je leur ai rendu visite à 6 heures ce matin. Hier, il y a eu de très jeunes blessés, des dégâts matériels. Il est de mon devoir, de ma responsabilité de vous dire un certain nombre de choses. Dans un premier temps, j’en appelle solennellement à l’État. Je ne sais pas si tout le monde aujourd’hui à conscience de la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons, de la situation qui est celle de la Corse. J’ai eu hier un entretien avec le préfet de Corse dans mon bureau. Je pense qu’il a compris un certain nombre de choses, encore faut-il, dans toute la hiérarchie de l’État, que la situation soit bien comprise.
Il faut comprendre que ce qui se passe ici, et qui ne fait pas l’objet d’une couverture nationale médiatique eu égard aux événements qui se passent en Ukraine, est grave. Ce qui se passe ici peut dégénérer. Je crains une escalade de violence qui ne fera que des perdants. J’en appelle donc aujourd’hui au plus haut niveau de l’État. Le président de la République, le Premier ministre, afin que cette situation d’escalade cesse. Ma position sur la problématique des détenus du « commando Erignac » est connue depuis longtemps. Je me suis exprimé en tant que parlementaire de 2012 à 2017, en tant qu’élu local et encore dernièrement le 22 octobre à l’assemblée de Corse. Pour moi et, je pense, pour la majorité des Corses, la levée du statut de « détenu particulièrement signalé » (DPS) d’Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri et d’Yvan Colonna est déterminante. Je reviens sur la décision qui a été prise hier, elle ne me semble pas appropriée, je l’ai fait savoir.
Il suffit d’une signature
Si on veut ramener de l’apaisement aujourd’hui en Corse, c’est la levée de ce statut et le rapprochement de ceux qui le peuvent à la maison d’arrêt de Borgo. J’ai conscience de la difficulté de la tâche, j’ai conscience des blocages qui peuvent exister dans des sphères que nous ne connaissons pas. Mais aujourd’hui, il en va de la paix publique sur le territoire de la Corse et en tant qu’élu je ne peux pas me satisfaire d’une décision prise hier concernant Yvan Colonna. Je veux d’ailleurs avoir ici une pensée pour sa famille, parce qu’il y a un homme entre la vie et la mort. Hier, on a eu conscience de la facilité avec laquelle le chef du gouvernement peut lever le statut de DPS. Il suffit d’une signature. Cette signature, je demande à ce qu’elle soit apposée en bas d’un document qui porte les noms de Pierre Alessandri et d’Alain Ferrandi. Ça c’est la première chose que je voulais vous dire. C’est un appel solennel et grave. Parce qu’en tant que Corse, en tant qu’élu et que père de famille, je ne veux plus revoir les scènes que j’ai vu hier.
J’en appelle à la responsabilité de l’ensemble de la classe politique corse. Je le dis sans acrimonie, on ne peut pas dire tout et son contraire quand on exerce des responsabilités politiques. On ne peut pas souffler le chaud et le froid, matin, midi et soir, car ce que nous pouvons dire, dans nos qualités respectives, peut avoir des conséquences. Et chacun doit assumer ses responsabilités par rapport à ce qui peut se passer encore dans les semaines à venir. Chacun est libre de dire ce qu’il veut, mais lorsque l’on est élu du peuple, que l’on bénéficie de la confiance populaire, de l’onction du suffrage, ça donne des droits, mais surtout des devoirs. Et moi, je m’adresse à celles et ceux qui parfois sont tentés de laisser « monter un peu la mayonnaise » que ce qui va se passer, c’est que la responsabilité ne sera pas seulement celle de l’État, mais celle des élus locaux qui n’auront pas pris conscience de la gravité de la situation dans laquelle nous sommes. Je leur demande donc une prise de responsabilité et une hauteur de vue qui parfois manquent par rapport au moment que nous vivons et qui est je le rappelle qu’une très grande gravité.
"Il doit y avoir un signal et celui-ci ne peut venir que de l’État."
Enfin et surtout, c’est le plus important, j’en appelle à l’apaisement et au calme. Je veux m’adresser à la jeunesse. J’ai été moi-même collégien et lycéen, je sais que le sentiment injustice est ressenti tout autrement que quand on est adulte et parents. Mais je ne peux pas me résoudre à entendre que la violence est une solution. La violence ça ne marche pas, la violence ça détruit. La violence, elle blesse, elle peut tuer. La violence n’a pas sa place dans un monde démocratique. Je ne veux pas condamner quoi que ce soit. Ce que je veux dire à cette jeunesse, c’est que la violence ne sera jamais une solution. La violence n’est pas bonne pour eux, ni pour la Corse, ni pour l’avenir. Je comprends que nos jeunes concitoyens aient une conscience politique et cela est sain, je comprends qu’ils aient des convictions politiques. En revanche, aller mener des combats dans les rues comme cela a été le cas, est dangereux.
Il y a une solution
Il y a eu des blessés et des gènes occasionnés pour des gens qui n’ont rien à voir, des petits enfants, des personnes âgées. Des commerçants qui n’ont pas pu travailler. Heureusement il n’y a pas eu de drame. Je veux aussi, sans me dresser en donneur de leçon, en appeler à la responsabilité parentale, j’ai vu hier des collégiens de 13/14 ans aller se battre contre de hommes casqués et armés, dépositaires de l’autorité publique. Il faudra revoir un certain nombre de choses, je ne peux pas me résoudre à l’idée de voir des parents laisser aller leurs enfants se battre contre les forces de l’ordre, car les conséquences peuvent être grave.
Vous l’avez compris, il y a une solution, je l’ai déjà défendue, il doit y avoir un signal et celui-ci ne peut venir que de l’État. Vous connaissez mes convictions en tant qu’élu de ce territoire. Je suis inquiet comme je ne l’ai jamais été depuis que je suis aux responsabilités politiques. J’ai connu des crises, j’ai connu des moments difficiles, mais aujourd’hui particulièrement inquiet et ému en tant qu’élu, en tant que Corse. J’en appelle aux responsabilités notamment au plus niveau car la réponse qui a été apportée n’est pas appropriée, elle est même décalée eu égard à la gravité de la situation que nous vivons. »